
Jean-Luc Romero, président d'Elus locaux contre le Sida (ECLS), est l'invité d'OI : « La loi sur le mariage gay est une occasion pour la France d’être un exemple mondial »
Jean-Luc Romero est une figure hors-norme de la politique française. Président d’Élus locaux contre le sida (ECLS) depuis 1995, il est le premier homme politique de droite à révéler sa séropositivité (en 2002). Secrétaire national de l’UMP de 2003 à 2004, il tente sans succès de faire avancer son parti sur les questions lui tenant à cœur (lutte contre le sida et l’homophobie, droit à mourir dans la dignité, entre autres). Il quitte l’UMP en 2009 et se rapproche progressivement de la gauche. Aujourd’hui conseiller régional apparenté PS, Jean-Luc Romero, resté indépendant d’esprit, est toujours en pointe dans la lutte contre le sida et les droits des homosexuels. Pour Opinion Internationale, il revient sur ses nombreux combats et sur le projet de mariage pour tous.
Quel regard portez-vous sur le projet de loi sur le mariage homosexuel présenté la semaine dernière au conseil des ministres ?
Je le vois comme un symbole très important, qui s’ajoute à deux autres évènements cruciaux pour la cause des homosexuels. En effet, Barack Obama a été réélu, et il a promis d’aller dans la direction du mariage gay. Et en Espagne, la cour constitutionnelle a définitivement validé la loi sur le mariage homosexuel. Ce n’est donc pas seulement un moment français, mais aussi un moment international. Pour tous ceux qui luttent depuis longtemps pour cette cause, c’est un moment émouvant.
Bien entendu, l’égalité ne se partage pas et je considère le texte du gouvernement incomplet. Il y manque par exemple la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes, ou la création d’un statut de beau-parent pour le conjoint. J’espère donc que le projet de loi sera complété sur ces questions par des amendements à l’Assemblée nationale et au Sénat. Tout le monde regardera la France, c’est l’occasion de donner l’exemple.
De récents sondages montrent pourtant que les Français sont moins nombreux qu’en 2011 à soutenir le mariage gay. Qu’en pensez-vous ?
Je ne me détermine pas par rapport à ça. De toute façon, même s’il y a une baisse, les gens qui y sont favorables restent majoritaires.
Le mariage gay était écrit noir sur blanc dans le programme de François Hollande, c’était la proposition 31. Elle a été débattue pendant la campagne, la droite et les médias l’ont régulièrement évoquée. Les gens ne sont pas pris par surprise. Il faut être cohérent. On ne peut pas se plaindre qu’un candidat ne tienne pas ses promesses et refuser quand il décide d’appliquer une mesure de son programme. Il tient même son calendrier, puisqu’il avait promis que la loi sur le mariage pour tous serait mise en place avant la fin du premier semestre 2013.
Plus globalement, le rôle des hommes politiques est aussi de montrer le chemin à leurs concitoyens. Giscard d’Estaing n’aurait pas autorisé l’avortement, ou Mitterrand n’aurait pas aboli la peine de mort, s’ils s’étaient préoccupés des sondages sur ces sujets. De même, le président Hollande est dans son rôle, montrer le chemin de l’égalité des droits.
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