Lors de la Séance plénière du Conseil Régional d'Ile-de-France, du 17 juin 2016, Jean-Luc Romero-Michel en tant que Conseiller régional d'Ile-de-France à été nommé Ambassadeur de la "Région Ile-de-France sans sida".
Il sera accompagné dans sa mission par Jean Spiri, conseiller régional d'Ile-de-France.
>> Interview à lire sur le site de la Région
L’Île-de-France représente 40% des cas de sida en France,
"La situation est effectivement assez terrible : l’Île-de-France représente 40% des cas de sida en France, alors qu’elle n’abrite que 18% de la population française. Le tout avec des disparités selon les territoires et les populations : on observe par exemple une augmentation des découvertes de séropositivité chez les jeunes hommes gays à Paris, et chez les migrants en Seine-Saint-Denis. Mais beaucoup de Franciliens ignorent encore leur statut : on estime entre 13.000 et 14.000 le nombre de séropositifs qui s’ignorent en Île-de-France. La prévention et le dépistage restent donc les principaux enjeux pour l’Île-de-France."
Jean-Luc Romero-Michel
Jean-Luc Romero-Michel
ONUSIDA 2016-2021
En s’engageant dans la démarche « Pour une Île-de-France sans sida », la Région adopte la stratégie de l’ONUSIDA 2016-2021. La stratégie régionale s’appuiera sur la mobilisation des professionnels de santé, des centres de santé ainsi que sur le développement de la médiation sanitaire. Une conférence régionale des acteurs devrait se tenir à l’automne.
Les objectifs ONUSIDA 2016-2021 :
- 90% de la population vivant avec le VIH connaissant leur statut,
- 90% des personnes avec le VIH, connaissant leur statut, recevant un traitement
- 90% des personnes sous traitement avec une charge virale supprimée
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Jean-Luc Romero-Michel défend une #IDFsansSida ! Un rêve accessible en 2030...
#JeanLucRomero défend une #IDFsansSida ! Un rêve accessible en 2030 ! #DirectIDF pic.twitter.com/VVyEeDYU5R
— Jean-Luc Romero (@JeanLucRomero) 17 juin 2016
Intervention d'ouverture (7min)
Son intervention
« Pour une région Île-de-France sans sida »
Intervention de M. Jean-Luc Romero-Michel
Conseiller régional d’Île-de-France,
Ambassadeur d'une Île-de-France sans sida
Paris - Vendredi 17 juin 2016
Madame la présidente,
Madame la vice-présidente,
Mes chers collègues,
37 millions de personnes vivent avec le VIH/sida dans le monde, 150 000 en France et près de 40 % de ces personnes séropositives sont sur le territoire de notre région Île-de-France qui est ainsi la région métropolitaine la plus concernée par ce terrible virus.
Madame la présidente, mes chers collègues, jamais autant d'hommes et de femmes n'auront vécu avec le VIH/sida ici et ailleurs !
Et pourtant, alors que près de 4000 personnes continuent à en mourir quotidiennement dans le monde, on n'a jamais si peu parlé du VIH/sida. Pire, dans nos pays dits riches, cette maladie est devenue invisible car les personnes ont peur, encore et je dirai même plus que jamais en 2016, de dire leur séropositivité.
Je me sens souvent bien isolé en étant le seul élu de notre pays à avoir dit vivre avec ce virus. Et, en même temps, je comprends mes compagnons d'infortune. Dire son VIH conduit souvent aux discriminations. Toutes les études en attestent.
Alors, à celles et à ceux, qui banalisent, je rappelle que même avec les nouveaux traitements que nous avons la chance d'avoir dans nos pays - une pensée pour les 22 millions de séropositifs dans le monde qui n'y ont pas accès et qui meurent dans une indifférence glacée - la vie avec le VIH est une vie d'épreuves et d'embûches.
* Difficulté, voire impossibilité, pour beaucoup de se construire une vie affective et sexuelle, tant les gens restent terrorisés face à cette maladie. Paradoxalement, on a plus peur des malades que de la maladie…
* Difficulté dans la vie professionnelle. : le risque d’être sans emploi est 5 fois plus élévé pour une personne séropositive que pour la population générale. 62% des personnes séropositives ne disent pas, ne peuvent pas dire leur séropositivité au travail.
* Difficulté, voire une quasi impossibilité de contracter un prêt pour acheter un appartement, créer une entreprise alors que nous avons presque la même espérance de vie que les personnes séronégatives !
* Difficulté de voyager et s'installer à l'étranger car, tels des lépreux des temps modernes ou des terroristes, 35 pays nous interdisent encore leur territoire.
* Discriminés enfin jusqu'à la mort car en France, contre les avis de tous les organismes scientifiques ou éthiques, les personnes séropositives n'ont pas droit aux soins de conservation à leur mort et souvent mis dans un cercueil sans que leurs proches puissent leur rendre un ultime hommage.
Et pourtant, l'espoir est aussi là… Un monde sans sida, c'est possible. C'est réalisable si nous nous y mettons tous, États, ONG, collectivités locales.
En lançant La déclaration de Paris, la maire Anne Hidalgo a déjà convaincu plus de 200 grandes villes à travers le monde de s'engager dans le 3 fois 90 d'ONUSIDA. Un plan a depuis été décliné pour la capitale qui est désormais engagée Pour un Paris sans sida !
Lors de la session budgétaire, j'ai demandé que notre région s'engage Pour une région Île-de-France sans sida et vous m'aviez répondu favorablement, madame la présidente. Je me réjouis de votre réactivité et de bien vouloir vous approprier ce défi.
Ce plan qui sera présenté à l'automne a des préalables.
D'une part, pour réussir, et le rapport le précise, il doit s'inscrire dans un travail commun avec Paris, mais aussi avec d'autres collectivités comme la Seine-Saint-Denis, deuxième département le plus touché en Île-de-France après Paris. Mais aussi avec les villes.
Élus Locaux Contre le Sida (ELCS) mobilise les communes de notre région pour qu'elles s'engagent et nous avons créé, il y a 3 ans, un label « ville engagée contre le sida ». Plusieurs villes de droite comme de gauche ont souhaité candidaté et ont obtenu ce label.
Il faudra donc aussi s'appuyer sur ce réseau car si les élus locaux ne s'engagent pas, nous ne pourrons aboutir à une Île-de-France sans sida.
D'autre part, ce plan ne pourra se faire sans les associations de lutte contre le sida, mais aussi sans celles qui accompagnent les populations les plus vulnérables, c'est-à-dire, les gays, les trans, les migrants, les travailleurs et travailleuses du sexe, les usagers de drogues…
Enfin, il ne faudra pas oublier le volet international et le travail déjà entrepris par la précédente majorité avec Métropolis et Dakar, Gauteng, Antananarivo, Kayes, Santiago du Chili, etc.
Ces préalables posés, il ne s'agit pas aujourd'hui de voter un plan ou un agenda. Il sera fixé par une conférence des associations appuyées par l'ORS et le Crips.
Il s'agit d'affirmer aujourd'hui, et je l'espère unanimement, que nous sommes déterminés à aboutir au 3 X 90 en 2020 et à une Île-de-France sans sida en 2030.
Quelques évidences cependant.
Il faudra axer notre réponse sur la promotion de la prévention diversifiée, un accès le plus large possible au dépistage, une lutte sans faille contre les discriminations et la précarité que subissent les personnes infectées.
A ELCS, nous nous battons depuis longtemps pour la gratuité des préservatifs masculins et féminins, au moins pour les précaires, les jeunes et les personnes séropositives. C'est plus que jamais d'actualité.
La PrEP constitue une révolution dans la prévention, donner ce traitement préventif aux populations les plus vulnérables pour qu'elles évitent d'être infectées est essentiel et l'expérience de San Francisco montre son efficacité.
L'accès universel au dépistage est un des piliers d’une politique efficace. Il faudra notamment assurer dans les associations la possibilité de fournir gratuitement l'autotest car 28€, ce n'est pas acceptable, comme il faudra donner plus de moyens aux associations pour mener les TROD qui ont montré leur efficacité. Quand j'étais président du CRIPS, avec le bureau, nous avions voulu lancer un bus de prévention et avions demandé l'agrément pour effectuer des TROD. Il faudra donner plus de moyens à cette mission pour toucher notamment les départements les plus éloignés, le 95, 91, 78, 95 et bien sûr la Seine-et-Marne.
Il ne peut y avoir de lutte efficace contre le sida sans associer et prendre en compte les personnes vivant avec ce virus. Le volet lutte contre les discriminations et la précarité, notamment pour les sans papiers, devra être conséquent.
J'en termine en me réjouissant, même si l'émotion est forte, que l’Île-de-France poursuive sa mobilisation contre le sida et, grâce à cet engagement, l'amplifie.
Aux côtés de Jean Spiri, je serai, si vous le votez, madame la présidente, mes chers collègues, un ambassadeur d'une Île-de-France sans sida exigeant, qui ne prend pas ce titre comme un simple symbole et je sais, madame la présidente, que vous respecterez cette exigence.
Comme personne vivant avec le VIH depuis près de 30 ans, je mettrai toute mon expérience, toutes ces souffrances vécues, cette force que m'a même donné ce virus en m'obligeant à le combattre quotidiennement, au service de notre région jusqu’à la disparition totale de ce virus et pour laisser aux jeunes générations une Île-de-France sans sida. Un monde sans sida.
Un rêve que je n'aurais pu imaginer possible, un jour de septembre 87, où j'apprenais ma propre séropositivité.
Je vous remercie.